Sorti en salle en 1963, dernier grand succès de Cary Grant, porté par une Audrey Hepburn au sommet de son charme et de son talent, Charade est un pur délice. Cette enquête policière aux dialogues jouissifs et à la mise en scène chorégraphique où chacun doit dissimuler ses intentions et son identité pour s’en sortir nous tient en haleine jusqu’au bout tout en nous amusant par son ton léger et burlesque.
Le film s’ouvre sur un générique coloré et sophistiqué qui rappelle ceux des James Bond. Sur un ton badin et pince-sans-rire, les deux stars hollywoodiennes se font la cour et d’emblée nous sommes séduits. L’indifférence de Regina Lampert face à la mort de son mari et la scène absurde de l’enterrement de ce dernier nous indiquent que nous sommes dans un film comique et maniériste.
Sous la caméra dirigée par Stanley Donen – d’abord danseur et chorégraphe –, les acteurs se déplacent au sein des décors et d’une identité à l’autre comme des acrobates enchaînant les pirouettes. Malgré ses accoutrements pour le moins étonnants (la garde-robe portée par Audrey Hepburn a été conçue par Hubert de Givenchy), l’actrice est comme un poisson dans l’eau dans son rôle d’apprentie enquêtrice. Car dans ce film-complot qui porte très bien son nom, tout l’art du scénario est d’entraîner des suspenses-révélations en cascade à en faire perdre la tête aux personnages et au spectateur, pour son plus grand plaisir !
Charade interroge les notions de bien et de mal, de vérités et de mensonges, mais aussi l’intuition et le bon sens : Regina est face au mal, mais quelque chose en elle résiste. On croit un temps que son cœur la pousse à faire fi de la morale, mais comme les apparences sont souvent trompeuses et qu’il n’est pas question de faire l’apologie du mensonge au sein d’un film populaire aux Etats-Unis dans les années 60, la fin nous réserve des surprises.
Le film a peut-être encore plus de charme aujourd’hui qu’à sa sortie. Il avait été reçu avant tout comme une parodie, la critique passant à côté de la maestria du scénario et de l’excellence des dialogues qui fusent du tac-au-tac. Tourné à Paris dans les années 60, le film à la photographie sublime nous replonge dans les décors du Paris de l’époque, ses couleurs harmonieuses, ses vieilles voitures, ses parcs emblématiques et son fameux marché des philatélistes – collectionneurs de timbres.